Échange d’expériences AMI du 24 janvier 2017 à la Ruche d’entreprises de Lille-Hellemmes

Mardi 24 janvier, la Ruche d’entreprises de Lille-Hellemmes nous a accueilli dans ses locaux pour notre premier Échange d’expériences de l’année.

Au programme :

  • Présentation de la Ruche par Pascale Nowak, sa Directrice,
  • Visite de plusieurs entreprises établies dans ses locaux,
  • Présentation des parcours de deux entreprises innovantes par Alexi Hervé, Fondateur de Espaciel, et par Jacques Staquet, Président de Yper,
  • “Le Management de projet pour quoi faire ?” par Pascal Le Deley, puis échanges autour de son intervention,
  • Pot de l’amitié entre les personnes présentes à l’événement et prolongement des échanges.

 

Présentation de la Ruche par Pascale Nowak, sa Directrice

La Ruche d’entreprises de Lille-Hellemmes accueille aujourd’hui 19 entreprises. 11 sont en création, c’est-à-dire entrées à la Ruche juste après avoir été créées. 5 sont en développement, c’est-à-dire avec deux ans d’existence ou plus au moment de candidater et bénéficier de l’accompagnement de la Ruche. 3 sont en hôtel d’entreprises, le plus souvent des entreprises plus matures qui n’ont pas demandées d’accompagnement.

Leur domaine d’activité couvre le conseil, les services aux entreprises, l’ingénierie, les secteurs des bureaux d’études, de l’environnement et du web.

Historiquement, ouverte aux seules entreprises innovantes, la Ruche d’entreprises de Lille-Hellemmes accueille aujourd’hui tout type d’entreprises, du moment qu’elles présentent un dossier de qualité, prévoient de se développer et ont des perspectives de viabilité économique.

La vocation des Ruches est d’accompagner des sociétés déjà créées, dont l’objectif est de se développer, contrairement aux incubateurs qui se positionnent avant la création et qui permettent à de futurs dirigeants de maturer leur projet dans les meilleures conditions possibles.

L’accompagnement se traduit par :

  • un suivi trimestriel des dirigeants à leur demande,
  • des formations courtes et régulières sur des domaines allant du développement commercial, à la la gestion d’entreprise, en passant par le management, la communication ou encore le développement personnel,
  • des échanges entre membres et des mises en relation avec des experts (banques, avocats, experts comptables, …),
  • des services mutualisés (accueil, secrétariat, salles de réunion, parkings privatifs et sécurisés, …).

Dispositif porté par le Département, le réseau des Ruches comprend aujourd’hui 12 pépinières sur le territoire du Nord, dont 4 sur la Métropole lilloise. En plus de celle de Lille-Hellemmes, les trois autres sont situées à l’Union sur Tourcoing, à la Haute Borne sur Villeneuve d’Ascq et dans la Zone Eurolys à Armentières. Sur le Nord, 185 entreprises y sont hébergées avec un effectif de 756 emplois.

Une présentation détaillée de la Ruche d’entreprises de Lille-Hellemmes, réservée aux adhérents de l’AMI, est accessible sur le Drive de l’AMI.

 

Visite de la Ruche, rencontres avec Yper, Eomis, Global Vision et Wid’op

Après la présentation de la Ruche d’entreprises de Lille-Hellemmes, Pascale Nowak nous a ouvert les portes de quatre entreprises locataires.

Yper

Nous avons rencontré la société Yper, dirigée par Jacques Staquet, qui nous a présenté son équipe et qui nous a expliqué comment ils s’y prennent pour faire évoluer leur plateforme de livraison de courses à domicile à un rythme soutenu en mode agile.

Nous avons pu voir les tableaux où l’ensemble des tâches à réaliser sont affichées et qui permet à chaque collaborateur de savoir où en est l’avancement des projets. Développée sous forme de sprints, c’est-à-dire sous forme de cycles de développement courts et itératifs, la plateforme Yper est en permanence en évolution pour s’adapter aux attentes des utilisateurs et aux décisions prises par ses dirigeants.

Eomis

Dans un autre domaine d’activité, celui de l’ingénierie et de la recherche appliquée, Eomis propose des services de R&D externalisés, aussi bien aux grands groupes qu’aux PME-PMI.

Jean Le Besnerais nous a expliqué, que fort de la pluralité des savoir-faire de son équipe, Eomis est capable d’intervenir à la fois sur des problématiques thermiques, d’électromagnétisme ou encore de vibroacoustique dans des secteurs industriels aussi divers que l’énergie, le ferroviaire, l’aéronautique ou encore l’automobile.

Global Vision

Entreprise voisine d’Eomis et membre de l’AMI, Global Vision, société spécialiste en open innovation, est active sur trois métiers : la vision technologique, la gestion de projet collaboratif et la recherche de financement pour des projets innovants. Anthony Beaudier nous a également fait part de sa volonté de créer prochainement une société dédiée à la levée de fond.

Anthony était déjà intervenu lors du précédent Échange d’expériences sur le plateau Inria à Euratechnologie pour nous expliquer comment passer d’une veille technologique spécialisée, passive et informationnelle à une vision technologique transversale, pro-active et ouverte à des solutions innovantes. Un article détaillé sur ce sujet figure sur le blog.

Wid’op & Colisweb

Pour finir la visite, Damien Abgrall, Président de Wid’op est revenu sur l’expansion de son agence de développement web qui a misé dès le départ sur le framework français Symfony, téléchargé plus de 500 millions de fois et qui avec ses 300 000 développeurs en fait l’un des premiers environnements de développement dans le monde.

Fort de ce savoir-faire, Damien Abgrall et son associé, Timothée Martin, ont décidé de lancer en parallèle de Wid’op, Colisweb, un service en ligne pour se faire livrer en moins de deux heures ou sur rendez-vous au prix d’une livraison classique.

 

Le Management de projets innovants

Le parcours de Espaciel par son Fondateur, Alexi Hervé

Startup créée en février 2013, Espaciel a aujourd’hui quatre ans, mais a déjà un sacré chemin derrière elle. Fondée sur une technologie capable à la fois de faire entrer 30% plus de lumière qu’un miroir, tout en étant cinq fois plus léger et incassable, l’entreprise a développé un produit totalement novateur, le réflecteur de lumière.

La jeune entreprise à fort potentiel est passée par l’incubateur Tonic, a été lauréate du Concours national d’aide à la création d’entreprises de technologies innovantes et a intégrée la Ruche d’Entreprise de Lille-Hellemmes, qu’elle vient juste de quitter.

 

Convaincue que son réflecteur Espaciel allait rapidement être adopté par les professionnels du bâtiment et notamment les architectes, la jeune entreprise innovante a dû faire le constat que malheureusement ses ventes stagnaient.

Alexi Hervé a dû revoir complètement son approche marché en octobre 2014 et pivoter très vite comme le préconise l’approche Lean Startup. Pour rappel, cette approche nous avait été présentée par Jean-Marie Vandamme d’Efidev à l’Échange d’expériences aux Adicode.

Plutôt que de s’acharner sur un marché BtoB avec une pluralité de décideurs, au cycle de décision long, Espaciel a tout misé sur l’utilisateur final et a directement proposé son produit sur un site e-commerce.

Soudainement, les choses se sont déclenchées, son offre BtoC a très vite suscité l’enthousiasme du grand public. Au point, que pendant un an et demi, l’entreprise avait régulièrement des retards dans les livraisons des commandes.

 

Après deux ans sur ce nouveau marché, l’entreprise commercialise à présent ses produits dans 15 pays et a passé le cap des 2.000 utilisateurs.

Des enquêtes sont systématiquement envoyées aux clients pour recueillir leur avis et leurs idées d’amélioration. C’est ainsi que 40% des clients ont montré un intérêt pour une offre destinée aux portes-fenêtres. Et des testimoniaux sont réalisés régulièrement avec l’aide de photographes professionnels.

 

Durant la période de mise au point de l’offre Espaciel, quatre ouvrages ont notamment nourri la réflexion d’Alexi Hervé :

  • Zero to one de Peter Thiel, qui explique que la phase de création est le moment où l’entreprise innovante va rencontrer autant de problème que dans tout le reste de son existence, mais sans y être forcément préparée, et que si elle n’apporte pas un gain aux utilisateurs d’au moins dix fois supérieur à ce qui existe, il y a peu de chance qu’elle décolle véritablement.
  • The Four Steps to the Epiphany de Steven G. Blank qui a été une véritable révélation sur l’importance de construire l’offre en plaçant le client au centre de ses préoccupations. Alors que son entreprise avait levé des millions de dollars et s’est arrêtée brutalement à la crise de la bulle Internet en 2001, Steven G. Blank a enquêté pour comprendre pourquoi des entreprises se développent, alors que d’autres périclitent.
  • Lean Startup de Eric Ries, qui insiste sur la nécessité de se lancer le plus rapidement possible sur le marché avec un MVP (Minimum Viable Product) pour avoir au plus vite des retours clients et bénéficier de cycles d’apprentissage rapides et itératifs. L’idée est d’avoir aussi au plus tôt des entrées d’argent pour développer la startup et coller au plus près aux attentes des utilisateurs.
  • Growth Hacker Marketing de Ryan Holiday, qui enseigne comment jouer sur la viralité des réseaux et bénéficier pleinement des recommandations de ses utilisateurs. Sans cet effet réseau, Espaciel n’aurait probablement pas connu la croissance qu’elle a eu en si peu de temps.

 

Le parcours de Yper par son Président, Jacques Staquet

Après 17 ans d’expérience dans le groupe Auchan avec un parcours à la fois dans le retail traditionnel et dans le web, Jacques Staquet se considère comme un polyglotte du retail et du web. Il a notamment participé au lancement de l’e-commerce chez Auchan et était au commande de la filiale Mieux vivre qui malheureusement n’a pas connu le succès escompté.

Intéressé depuis toujours par des applications numériques comme Blabacar, Uber ou encore Instacart, qui a contribué à lui donner l’idée de livraison des courses à domicile, Jacques Staquet s’est dit que c’était le moment de se lancer en 2015, alors que la France et notamment la Métropole lilloise est l’un des pionniers du Drive dans le monde.

Auchan Drive, c’est aujourd’hui 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires avec un panier moyen de 75 € et des montants pouvant atteindre 250 €. À 5 € la course, Yper propose de couvrir les derniers kilomètres qui séparent le Drive au consommateur en recourant à des livreurs occasionnels.

 

Si l’entreprise a été créée en fin d’année 2015 et a donc, à peine, une année d’existence, les trois fondateurs ont très vite su s’entourer d’une équipe de collaborateurs de talents prêts à s’engager pour construire la plateforme qu’attend le marché.

Aujourd’hui, le défi de Jacques Staquet est de réussir, à la fois, à garder une vision claire du projet malgré les obstacles qui se présentent, et de l’autre, maintenir un rythme d’évolutions soutenu et régulier de la plateforme et de sa communauté.

Le vocation de l’entreprise est claire, Yper a pour but de faire gagner du temps à ses clients en leur permettant de se faire livrer leurs courses et vivre une expérience sympa. Son service se doit d’être à la fois accessible, flexible, précis et social et se positionne en complément de l’offre des distributeurs.

 

Développée et maîtrisée techniquement par Yper, la platefome de livraison de courses à domicile est destinée aux clients des Drive, qui sont soit intéressés à livrer d’autres clients qui sont sur leur route et gagner un peu d’argent, soit qui sont prêts à livrer des voisins pour leur rendre service.

La force de l’entreprise est d’avoir une maîtrise complète de sa plateforme et savoir gérer une communauté d’utilisateurs. Elle a par exemple développée un service pour géolocaliser les livreurs en temps réel et savoir à quelle distance ils se trouvent des personnes qu’ils doivent livrer.

Adepte des méthodes agiles, l’entreprise prévoit, à la fin de chacune de ses itérations ou cycles de développement courts, un point pour avoir des retours sur les temps investis, appelés aussi ROTI, avec une évaluation entre 1 et 5 des participants. L’objectif est de savoir si les temps passés sont justifiés ou si des actions correctives sont souhaitables.

La présentation de Jacques Staquet, réservée aux adhérents de l’AMI, est accessible sur le Drive de l’AMI.

 

“Le Management de projet pour quoi faire” par Pascal Le Deley

Après une formation d’ingénieur et des premières expériences dans l’informatique, Pascal Le Deley a repris des études en sciences politiques en s’intéressant à l’organisation des entreprises. Ses années d’expérience dans différentes entreprises l’amènent aujourd’hui à se poser une question simple : “Pourquoi fait-on du Management de projet ?”

S’il se dit qu’on pourrait peut être faire sans, il a réfléchi à la situation de l’un de ses proches, créateur d’entreprise, et il est revenu sur que le Management de projet a pu lui apporter.

 

La première raison pour laquelle, selon lui, le Management de projet peut trouver une utilité est de réduire l’incertitude de ceux qui innovent. Réfléchir à la manière de conduire son projet peut permettre de s’interroger sur la manière de trouver des clients, des associés ou encore des collaborateurs ou des partenaires pour industrialiser l’offre.

L’autre utilité est de réduire l’incertitude de ceux qui investissent. Le Management de projet peut apporter des réponses sur la manière dont les financements seront utilisés et donner de la confiance aux investisseurs. Réduire l’incertitude a de la valeur, cela se paye.

Le Management de projet permet aussi de réduire l’incertitude de ceux qui vendent. Cela sert à bâtir un discours sur l’entreprise, où elle va, ce qui la distingue des autres et de savoir quelles marges de manoeuvre le commercial a face à ses clients.

Enfin, le Management de projet permet de réduire l’incertitude de ceux qui utilisent l’offre. Être en capacité d’intégrer dans le projet les retours clients pour l’orienter vers ce qui apporte de la valeur est le meilleur moyen d’arriver à des utilisateurs satisfaits qui recommandent l’offre et l’entreprise.

 

Aujourd’hui, le constat est que trop d’entreprises réalisent encore des offres, en grande partie mal utilisées ou utilisées partiellement. Dans l’informatique en entreprise, il est encore courant qu’entre 50% à 75% des applications livrées ne sont pas utilisées.

Si ce constat a marqué Pascal Le Deley, il a cherché à en comprendre les raisons et voir s’il n’y avait pas moyen d’agir. Une réponse qu’il a pu trouver est le modèle ADKAR de la société Prosci, un modèle à la fois prédictif et opérationnel pour conduire le changement d’une activité.

 

Le constat de départ est de dire qu’un utilisateur pourrait tomber à travers cinq planches pourries tout au long de son cheminement :

  • La première planche pourrie est qu’il ne va pas forcément comprendre pourquoi il devrait changer. L’exemple type est la liseuse qui, malgré un buzz considérable, ne s’est pas développée aussi vite que prévu face aux livres traditionnels.
  • La seconde planche pourrie est que l’utilisateur ne s’est pas forcément mis d’accord sur ce qui va changer avec son manager ou avec la société qui lui propose l’offre et pourquoi il a un intérêt au changement. Le plus souvent, il manque un échange en face à face, qui lui permettrait de comprendre l’ampleur et le bénéfice du changement.
  • La troisième planche pourrie est que l’utilisateur ne sait pas forcément comment s’y prendre avec l’offre et donc ne l’utilise pas. Comme il ne sait pas comment faire, au mieux il repousse l’adoption de l’offre à plus tard, au pire il laisse tout simplement tomber.
  • La quatrième planche pourrie est qu’il est perdu lorsqu’il se retrouve de nouveau face à ses problèmes du quotidien. Il ne voit pas comment s’y prendre pour résoudre les problèmes que lui pose l’offre dans sa vie courante.
  • La cinquième planche pourrie est que l’utilisateur ne sait plus pourquoi il devrait continuer. Il est passé progressivement à autre chose et il a perdu la motivation qui l’avait amené à adopter l’offre.

 

Pour Pascal Le Deley, des conversations-clés vont aider à surmonter ces difficultés. En entreprise, c’est au dirigeant, notamment, de s’adresser à l’équipe et de donner du sens. C’est à lui d’expliquer les conséquences néfastes en cas d’échec. C’est à lui, enfin, de renforcer l’équipe dans sa démarche de progrès, en célébrant les succès au fil du projet. Au manager de proximité, quant à lui, de clarifier avec ses collaborateurs les implications pratiques du changement entrepris et, après la formation, de coacher ses troupes dans la résolution des difficultés quotidiennes.

La présentation de Pascal Le Deley, réservée aux adhérents de l’AMI, est accessible sur le Drive de l’AMI.

 

La soirée s’est poursuivie par de nombreux échanges qui se sont terminés tard dans la nuit. Nous tenons à remercier la Ruche d’Entreprises de Lille-Hellemmes, et notamment sa Directrice, Pascale Nowak, pour son accueil et sa contribution de faire de cet événement un succès, ainsi que l’ensemble des intervenants qui nous ont fait partager leur envie d’innover et d’entreprendre.

Nous vous disons à très bientôt pour un prochain Échange d’expériences.

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